Donguila, Mon Village

vu sur le Komo/ Donguila

Beaucoup de souvenirs de mon village Donguila. Des souvenirs culturels et traditionnels qui me restent. Des souvenirs de famille qui me restent. Donguila j'ai pense a toi. J'ai reve de toi. Petit village  au bord du fleuve Komo dans le departement du Komo Mondah. Donguila mon village qui faisait la fierte de mon papa.
Quand je pense a Donguila je pense a mon pere qui nous a quitte il y a bientot un an...Je n'en reviens toujours pas. C'est comme si j'etais dans un coma en pensant a cela. Quand je dis ton nom j'ai des larmes aux yeux...Tu representes beaucoup pour moi.
Recemment dans mes reves je me voyais comme cet homme dans la photo au dessus au bord du fleuve. Pensant a ces souvenirs que l'on ne peut vous enlever. Je me revois encore enfant sur les epaules de mon cher papa allant a la peche avec toute ma famille. Ma grande soeur marchant a cote chantant "un kilometre a pied" et ca m'amusait tellement. Assise sur les epaules de mon pere je regardais le ciel et je me voyais au dessus du monde. N'ayez pas honte de qui vous etes. N'ayez pas honte de votre patrimoine culturel. N'ayez pas honte de vos origines. Un homme sans racine est un etre sans vie. Il pousse loin de ses racines il finit par mourir. Plus rien ne reste...
     Je me rappelle que j'avais appris a pecher avec eux. Ma mere me montrait une fois a notre riviere du bas au village comment pecher avec une nasse traditionnelle. A Donguila c'etait une autre vie loin du bruit et la pollution de la ville. Mes parents invitaient souvent leur invites et des membres de famille a y passer des journees et dinner. Donguila etait le premier stop des vacances avant de nous rendre en Europe. C'etait un must pour mon pere afin que l'on comprenne ce qui compte en premier. Parfois on parlait aussi de Donguila a nos amis. On montrait des photos de notre village a nos amis.

Je me rappelle en soiree sous le grand arbre au milieu de notre concession, il y avait le fauteuil traditionnel de mon grand pere ou il aimait se reposer a l'ombre  habille en pagne et fumant sa pipe. On avait une sorte de table qui faisait le tour du tronc de cet arbre. Mon pere y accueillait parfois des gens du village qui venaient lui dire bonjour.  En soiree sous ce meme arbre je voyais les habitants de Donguila rentrant des travaux champetres, de la chasse etc. Les femmes portant des paniers avec des lianes tressees au front qui servaient de support. Je voyais des chiens fameliques les accompagner. Les chiens avaient toujours peur des gens. Si vous vous approchiez d'eux un peu ils fuyaient tres vite ou gardaient des distances. On les appelait les angome Fang (En ma langue native ca veut dire les amis du peuple Fang)  Donc je comprenais que les chiens etaient nos amis. Dailleurs nous avions beaucoup de chiens a la maison sauf au village.
(Une chanson chantee par un artiste Gabonais qui chantait a l'epoque Donguila et d'ou venait le nom et son histoire. Cette chanson date des annees 80 ou 90)

      A Donguila, l'aube etait toujours marquee par un temps frais vraiment frais qu'il vous fallait avoir un petit par-dessus pour vous proteger. On pouvait entendre le cris des enfants dans le village voisin sautant dans la riviere aux environs de 10 heures en matinee alors on voulait aussi aller se baigner de notre cote. Notre riviere avait des paletuviers et a travers ces paletuviers les bruits des jeux dans l'eau, les femmes qui chantaient et lavaient le linge. Un petit elevage, une pisciculture miniature mais aussi la plantation faisaient partie de nos activites avec mes parents. On nous apprenait a planter et a reconnaitre ce qui etait bon et pas bon. Oui j'ai appris a planter. On apprenait a se proteger parce qu'en foret il ya tout plein d'insectes. Quand on allait a la plantation j'etais souvent impressionnee de voir comment mes parents se retrouvaient facilement en chemin vers nos plantations. Si vous connaissez la foret typique equatoriale vous savez qu'en y entrant au fur et a mesure que vous avancez on a comme l'impression que tout se referme derriere vous. Je realise aujourdhui que mes parents etaient de veritables  enfants du pays.
     Les activites professionnelles de mon pere, ajoutees a ses passions ne l'empechait pas de rester authentique et attache a sa culture car il comprenait l'importance de cela. Tout peuple dans le monde a une histoire et une culture. Ma mere preparait tres bien et je l'aidais et j'apprenais. Elle faisait toutes sortes de cuisine que ce soit au feu de bois ou a la gaziniere peu importe elle faisait des mets locaux, des mets traditionnels. En temps de fete ou de reception a Donguila nos tables etaient toujours pleines de differents plats. Si je peux refaire cela? Biensur que oui c'est dans la tete (sourire) bien dans ma tete. Je me rappelle quand on allait visiter les villageois et des parents venus aussi en vacances tout le long de la route qui menait a la Mission Donguila, on s'arretait a chaque maison dire bonjour, s'enquerir des nouvelles et aussi payer du respect aux anciens. Je voyais mes parents le faire, il me l'ont appris.

Patrimoine/ heritage culturel de l'UNESCO (je vous ai parle de la Mission Donguila dans mes premiers articles sur mon blog "Memories of Gabon". Ma seule tristesse est de ne pas avoir pu apprendre ma langue correctement et aussi avoir appris beaucoup sur ma culture dans un sens proprement dit.

(je suis entrain de me rattraper avec des applications sur le telephone creees par des compatriotes. On apprend nos langues et les cultures)  Il y a beaucoup de choses a dire a cet effet. Mon pere connaissant mieux la culture Fang que ma mere pour la simple raison que ma mere ayant grandi dans une mission religieuse protestante n'avait pas recu l'education de la culture dans le sens purement traditionnel parce que justement ce n'etait pas l'objectif des missionaires.
On leur apprenait quelque part que tout ce qui etait culturel et traditionnel n'etait pas bon...Qu'il y avait souvent une connotation spirituelle etc. Mais qu'est ce qu'un homme sans sa culture? Aujourd'hui que j'y pense je me dis que c'etait une erreur. Connaitre sa culture ne veut pas dire renier Dieu... Parlant de la tradition cet aspect peut etre tres difficile parce qu'en effet beaucoup de choses sont impliquees mais la culture? Bref! C'est juste mon avis. Je suis contente que mise a part cet aspect elle s'y connait tres bien en terme de cuisine et activites locales. Ma mere s'y connait tres bien! Toutes ces choses ne l'ont jamais empechees d'exercer sa vocation. Dailleurs elle gardait toujours ses reflexes meme au village. Les gens du village venaient souvent la voir pour une petite consultation et soins medicaux. Elle le faisait de bon coeur sans rien attendre en retour.
            Mon pere quant a lui n'avait pas vecu cette experience de vie dans les missions religieuses/protestantes. Il etait reste dans la culture authentique. C'etait donc deux aspects differents de la part leur facon de comprendre Dieu...J'aurai peut etre du etre curieuse et poser des questions a ce sujet  mais il faut comprendre que les choses n'etaient pas bien prises dans certains sens. On avait plus de peur et d'ignorance a cause de ce qui etait dit sur la tradition en general...Maintenant je n'ai plus peur mon etre cherche a connaitre le qui je suis. Je veux bien comprendre ma culture. Je ne pense pas que la culture Occidentale ou Orientale ont ete faites pour les Africains. Il est important d'etre qui nous sommes et d'en etre fier.. Je vous ai parle un peu plus dans mon dernier article a "Ma Pensee a Tata Nzambe" c'est tres complique tout ca.
      Bref! ces bons moments a Donguila me manquent enormement. Il y avait des moments tristes parfois pour moi quand ma mere ne venait pas. Mais quand ma mere venait c'etait encore plus agreable. Oui ca me manque tout ca. Mon pere me manque aussi. Aujourdhui mon pere y repose... Il repose dans sa terre Donguila. C'est dur de le dire mais c'est ma realite. On ne se releve jamais assez d'une separation. L'homme est comme une herbe des champs. Aujourd'hui elle est. Le vent passe le lendemain, la plante n'est plus. Tout ce qu'il nous reste sont des souvenirs. Entendre sa voix n'est plus...Je vous exhorte donc de ne jamais manquer de montrer de l'affection a vos proches tous les jours tant qu'ils sont en vie. Une parole douce, une parole affectueuse, des gestes etc.
    J'ai des petits souvenirs de mon village sur la route. Cette route la je l'ai revee recemment. Je m'y voyais marcher en quete d'une reponse a plusieurs questions sur la situation de mon pays et de mon continent et de mon peuple. Alors que je marchais dans le reve pieds nus sur cette route, j'entendais une Voix me disant que le jour ou l'Afrique reviendra a ce qu'elle etait a l'origine. Le jour ou l'Afrique reprendra la fierte de sa culture et de ce qu'elle est, elle redeviendra forte. La voix me disait que l'Afrique echoue parce qu'elle copie et calque un model de societe qui n'a jamais ete faite pour elle. L'Afrique tourne en rond parce qu;'elle veut imiter un modele de vie et de societe qui n'a jamais ete destinee pour elle. La Voix me disait de revenir a nos origines. Au bout d'un moment je me revoyais dans mon village assise comme je le faisais a l'accoutumee. Observant les villageois passer, ecoutant les oiseaux  de la foret chanter. Je reflechissais me disant que devons nous faire alors parce qu'on ne peut plus remonter le temps?
       Donguila j'ai pense a toi, j'ai reve de toi. Que Dieu me fasse Grace je serai de retour pour toi. Je m'occuperai de toi car je sais combien de fois mon pere tenait a toi. Mon pere a tellement travaille dur sa terre.

Il t'avait a coeur Donguila partout ou  il allait. Il parlait de toi a ses collegues et amis en Afrique, en Europe et en Amerique. Donguila, je ne te laisserai pas quelque soit le temps que ca prendra. Je continuerai ce qu'il a laisse. Je serai de retour pour toi. Tu me donnes une raison de me battre. Pour certains Donguila n'est qu'un petit village. Pour d'autres comme moi Donguila est un heritage, une vie, des souvenirs precieux... Je serai de retour pour toi.

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